Etude du bord de la banquise

La température a bien chuté ces derniers jours et le vent s'est fait un peu oublier. Conséquence, la mer a bien regelé en surface.

Les deux glaciologues doivent faire une analyse de l'eau de mer sur toute la longueur du bord de banquise. Deux équipes sont constituées. La première va de l'île la Selle vers Cap Géodésie, la seconde part du même point de départ vers le glacier Astrolabe. Pour faire court, l'une part à gauche et l'autre à droite. Je fais partie de la seconde, direction le berg Chou-Fleur, l'île Curie et pour finir l'île du Derby.

La carte

L'exercice consistait à faire un trou dans la glace pour accéder à l'eau libre.  A chacun son style...

Ensuite c'est la routine. Prélèvement d'échantillons et mesure de la température de l'eau. Avant qu'on ne me pose les questions : l'épaisseur de la glace de mer est d'environ 10 cm, la température de l'eau 0,4°C et celle de l'air, -13°C au début de l'exercice et -16°C à la fin.

En chemin...

 

Et pour finir, un mirage

Non ! Pas les manchots mais les bergs en arrière plan. C'est un phénomène optique dû à la déviation des faisceaux lumineux par des superpositions de couches d'air de températures différentes. La déviation de ces rayons donne alors l'impression que l'objet que l'on regarde est à un endroit autre que son réel emplacement, et peut déformer l'image observée.

Calme plat

Pas un souffle de vent, plus un flocon de neige et quelques rares rayons de soleil. C'est le temps idéal pour revoir une dernière fois la mer. A contempler  la surface de la mer aussi lisse, on se croirait plus au bord d'un lac...

Une aurore au coeur de la nuit polaire

23h. Je suis tranquillement en train de me laver les dents quand je suis brutalement plongée dans le noir. J'alpague le blagueur qui me répond "Désolé, je croyais la pièce vide,  il y a une aurore"...

Je me précipite sur mon appareil photo, je m'habille chaudement et je file rejoindre mes petits camarades. Déception. Un léger voile blanchâtre apparaît dans le ciel. Je prends quand même quelques photos, elles ne donnent rien.

3h.  Réveillée, je jette un œil à la fenêtre. L'aurore est toujours présente et semble plus intense. Je prends le temps de lire tous les conseils qu'on m'avait donnés pour ce type de prise de vue. Je prends aussi celui de m'équiper. Le vent est faible mais il fait -18° cette nuit. La frontale sur le front, le trépied, sous le bras, et l'appareil autour du cou, c'est parti !

D'abord trouver le bon emplacement. Le centre de la base fera l'affaire pour cette fois. Déploiement du matériel, visée, ouverture du diaphragme à fond. La séance photo démarre. Trente minutes se sont écoulées. J'ai froid et j'ai sommeil. Je suis chaudement habillée mais mes doigts commencent à faire vraiment mal. Il est temps de rentrer...

J'ai tout l'hiver pour progresser.

Manip glacios

L'accès à l'eau libre étant maintenant possible, l'équipe des glaciologues se rend tous les jours au bord de la mer effectuer des prélèvements d'eau. Ils recherchent la présence de molécules de diméthylsulfoxyde (DMSP), dégagées par le plancton en putréfaction. L'eau est aussitôt filtrée et certains échantillons fixés avec de la soude pour que le temps de trajet n'interfère pas dans les mesures.

La DDE

Après toute une série de tempêtes, quelques jours de calme sont annoncés. C'est l'occasion de refaire les chemins, à défaut de routes. Le maître d’œuvre c'est Bastien aux commandes de ce superbe tracteur dont les roues ont été quelque peu modifiées.

Il paraît que Chou Fleur a un pied dans l'eau

Mardi après-midi, il faisait presque beau. En bref, il ne neigeait pas et le vent était faible. Chou Fleur est un des nombreux bergs qui font partie de notre paysage. Il se situe à environ trois kilomètres de la base. Avec Cyril et Guillaume, nous décidons d'aller nous balader et partons vérifier où s’arrête la banquise. Notre chemin  croise un manchot empereur en route pour la manchotière. Il  n'est vraiment pas farouche et s'approche de nous, tout aussi curieux que nous.

 

Une jolie rencontre

Celui-là a profité que j'avais le dos tourné, occupée à faire quelques photos, pour s'approcher à quelques pas de moi. A croire qu'il avait envie de voir ce qui me captivait autant...

L'état de la banquise avec Chou Fleur au premier plan

La tempête, le retour

Nous sommes repartis pour trois jours de neige dont deux de tempête. Je vais encore avoir à lâcher mon ballon avec des vents pas possibles. C'est un hasard mais c'est toujours sur moi que ça tombe !

Il y a eu le coup des sondes qui se décrochaient et j'ai trouvé la parade en supprimant le crochet et en faisant un simple nœud. J'ai aussi eu droit à l'unique rafale de la journée qui souffle juste au moment où je lâche mon ballon et le plaque au sol. Et la dernière fois, le manomètre était déréglé et j'avais trop d'hélium dans mon ballon. J'ai dû rattraper deux fois mon ballon qui s'était dissocié du manchon  qui envoie le gaz. Le ballon a dû souffrir car il n'a pas atteint la tropopause et j'ai dû tout refaire.

Maintenant qu'il n'y a plus d'hélicoptère, une fois le ballon parti, il n'y a plus grand chose à faire. Du coup je peaufine mon bulletin de prévision. J'y glisse une info qui cible une personne. Par exemple Manu qui joue avec le lidar a besoin de ciel clair la nuit. J'ai signalé la Saint Patrick en rappelant que ce serait la seule occasion de nous mettre au vert... Chacun s'amuse comme il peut !