Les poids lourds

Non, je ne fais pas référence aux phoques mais bien à mes camarades sollicités pour aller maniper les phoques.
Il est temps pour notre préposée aux phoques d'aller transponder les nouveaux arrivés. Cela consiste à implanter une espèce de petite balise sur chaque individu de façon à l'identifier lors de études de population. Et l'individu en question est le phoque de Weddel qui mesure de 2,5 m (mâles) à 3,2 m (femelles) et pèse de 300 à 400 kg en moyenne, jusqu’à atteindre 450 kg.
Compte tenu du matériel à emporter nous utilisons une pulka, une sorte de traineau  composé d'une luge et d'un harnais.

Un regroupement d'une vingtaine de phoques a été repéré aux abords de l'île de la Selle située à 2,5 km de la base. C'est donc notre destination.

Sur place, Benjamine explique à chacun comment procéder. Moi je m'en sors plutôt bien : mon rôle consiste à prendre une photo de "la victime", car les tâches qui ornent son pelage sont propres à chacun, comme le sont les empreintes digitales pour nous. Puis je dois noter le sexe et le numéro du transpondeur lors de chaque intervention. Mon rôle va s'étoffer par la suite.

A notre approche le phoque reste placide mais nous tient quand même à l’œil. La photo d'identité doit respecter certains critères : uniquement le buste et la tête sur la droite.

A l'aide d'un filet à papillon taille XXL, l'animal est capturé et son corps immobilisé. C'est à ce stade que j'ai parfois dû intervenir sur les phoques les plus volumineux. Pour contenir la fougue de l'animal, il a fallu ajouter mon poids à celui de mes camarades. Un vrai rodéo !

Puis Benjamine intervient à son tour. Un peu de bétadine qu'elle aura pris soin de maintenir liquide (oui, ça gèle à -25°), le pistolet-seringue pour injecter le transpondeur, et le tour est joué.

Ce genre de spectacle peut attirer tout curieux qui traîne sur la banquise, tel ce manchot empereur désœuvré.

Et c'est le retour vers la base en ayant soin d'éviter les quelques crevasses qui se sont formées.